Concentrez-vous…, concentrez-vous et essayez de ne pas penser à un éléphant rose… Et voilà trop tard, vous y avez pensé! Il est impossible de solliciter le cerveau pour lui demander de ne pas agir puisque précisément on est en train de le solliciter. Une expérience a été menée auprès de personnes qui n’avaient aucun problème de sommeil. Elles se sont allongées dans une pièce et on a promis une forte récompense au premier qui s’endormirait. Chacun ordonna à son cerveau de vite se détendre, de se fermer et de laisser le corps dormir pour toucher la récompense, et plus il essayait et moins cela marchait. Finalement personne ne put dormir.
En aïkido nous avons besoin de corps souples et détendus, respirants et alertes. Mais il est impossible d’obtenir ce résultat en ordonnant à notre cerveau de nous détendre. Une solution est de se concentrer sur sa respiration, à l’écoute du va et vient du flux respiratoire. Ainsi nous détournons l’attention de notre cerveau et le corps se décrispe. Mais l’intellectualisation de nos mouvements mène à la frustration, seul le corps peut apprendre ce qui est nécessaire à une pratique équilibrée. Ni les émotions, ni l’intellect ne sont nos alliés sur le tatami.
Voilà pourquoi une pratique assidue et sincère des arts martiaux entraîne à se défaire d’une trop forte emprise de notre cerveau sur nos vies. Un art martial non compétitif permet en plus de ne se fixer aucune contrainte de temps, de performance, de réussite. Ainsi le foyer actif de vie peut tranquillement descendre dans le hara plutôt que de rester coincé au niveau de la tête (intellect) ou des poumons (émotions) et tout notre corps s’équilibre.