Existe-t-il un aïkido académique? La question mérite d’être posée puisque d’aucuns se prétendent d’un aïkido officiel. Prenons l’exemple de la langue française et de son institution la plus vénérable, l’Académie Française. Force est de constater que l’institutionnalisation de la langue est arrivée dans un deuxième temps, après la création, la pratique, la diffusion du français. De ce point de vue, l’académie enregistre les usages du français dont elle ne peut que constater l’existence préalable. Son enregistrement fixe et fige une certaine manière de parler niant à la fois la dynamique, la vivacité autant que la diversité de toutes les langues françaises qui cohabitent et se nourrissent à travers le monde.
Si on considère que l’aïkido est un art, que cet art a précédé son officialisation et qu’il continue de manière vivante à se pratiquer à travers la planète, alors quelle place peut bien occuper un aïkido officiel, académique? Cette minéralisation de l’art, arrivé tardivement dans notre histoire et initiée par le fils du fondateur, pourrait figer aujourd’hui dans un aïkido formaté toute nouvelle compréhension.
Il ne s’agit pas de laisser notre discipline partir dans tous les sens et devenir un grand ramassis de n’importe quoi. On peut admettre une académie, un aïkido officiel pour ce qu’il est. Comme l’Académie Française est un repère dans l’usage du français, bien que personne ne veuille véritablement parler selon ses strictes recommandations. Les exigences d’une académie sont toujours les fruits d’une histoire, de traditions, d’habitudes plus ou moins cohérentes, d’influences, d’enjeux politiques, d’ambitions individuelles, de hasards, de compromis… S’il est bon de les connaître et de les comprendre, il est aussi possible de ne pas en être dupes et de maintenir sa propre recherche vivace et authentique, loin des ban(c)s confortables de l’académie.