Dans notre discipline nous apprenons à manipuler des concepts aussi étranges pour une société policée que la violence, la vie, la mort, la douleur… On retrouve sur le tatami différentes dimensions fondamentales de l’existence et on pratique au niveau physique, énergétique, spirituel… Il semble même qu’une séance d’aïkido ait la capacité à faire ressortir nos plus belles qualités, nos blocages les plus inconscients, nos peurs les plus enfouies et parfois les traits de caractère que l’on se plait habituellement à dissimuler. En somme on fait de l’aïkido avec ce que l’on est et c’est ce qui le rend si précieux. Car en connaissant nos forces, nos limites nous pouvons travailler dessus et le résultat se ressent physiquement, psychologiquement.
Par les temps qui courent et les virus qui courent pourrait-on dire, notre relation à la peur, à la vie, à la mort, à la relation à l’autre est à nouveau interrogée. Nous devons savoir si nous accepterons de travailler à proximité de nos partenaires comme avant. Nous devons mesurer nos risques, peser les avantages de la pratique et le risque potentiel. Mais ne sommes-nous pas habitués par l’aïkido (entre autres) à faire preuve de jugement, à prendre des risques, à affronter plusieurs adversaires armés? N’apprenons-nous pas à jouer avec ces dimensions de vie et de mort? Chacun devra mesurer sa relation au risque et vivre avec. Je repense à cette phrase que l’on entend dans le film « Le dernier Samouraï ». L’empereur du Japon demande à Nathan Algren (Tom Cruise) de lui raconter comment est mort Katsumoto le seigneur japonais qui lui résistait. Et Nathan Algren de répondre: Je vous dirai plutôt comment il a vécu.
On se retrouve très prochainement!