Il est curieux de constater comment ces 3 états de la pratique sont une source infinie d’inspiration. Gotai correspond au travail solide, statique, au travail sur soi et revient à se demander comment, face à une rigidité de situation, je peux m’en sortir en m’assouplissant. C’est un travail personnel, centré sur mes propres blocages. Comme dans la vie, nous cherchons à nous connaître puis à tricoter une personnalité qui nous correspond, à être un bon compagnon pour nous-même d’abord.
Puis Jutai invite à poursuivre ce travail intime tout en tenant compte de l’autre, des autres, des situations, des dynamiques qu’ils nous proposent où nous imposent. Ainsi le travail sur soi ne se fait pas de manière « hors-sol » il cherche à s’adapter, à répondre à des enjeux relationnels, des mouvements s’inscrivant naturellement dans le monde des autres avec le plus de fluidité possible.
Et puis Ryutai nous invite à comprendre que s’adapter à l’autre, aux autres est une démarche qui porte en elle ses propres limites. Si on n’y prend pas garde, il viendra un moment où le travail sur soi se heurtera à la présence des autres et de leurs propres trajectoires. Alors on cherche à s’élever à courber suffisamment l’espace pour que les abscisses et les ordonnées du destin nous soient favorables, que les hasards de la vie fassent bien les choses. Nous tricotons un temps et un espace dans lequel nos gestes vont de soi puisqu’ils s’inscrivent dans un univers qui nous correspond.
Ainsi travailler sur soi, avec les autres et dans l’univers permet un alignement qui, en aïkido comme dans la vie, ne cesse d’ajouter à la cohérence et à la définition de notre apport dans ce monde.